Adorant birman, Konbaung.

Une collection d’art bouddhique réincarnée

Le galeriste belge Damien François a acquis une partie de l’ancienne collection d’arts asiatiques de Claude de Marteau, lors de sa dispersion par la célèbre maison de ventes britanniques Bonhams. Aujourd’hui, il propose 2 000 pièces tibétaines, népalaises, birmane et indiennes, japonaise… Focus sur l’art bouddhique, à des prix abordables.

Un vaste sujet que l’art bouddhique ! Cet art se décline durant plus de vingt siècles dans toute l’Asie à travers de multiples cultures et écoles, dont Le Petit Véhicule ou Hinayana, Le Grand Véhicule ou Mahayana et Le Véhicule du Diamant ou Vajrayana…

Bouddha Shan en bronze doré, Galerie Vintage Addict, XVIIIe, En vente sur Antikeo

La remarquable collection, aujourd’hui récupérée par Damien François, provient d’une seule et même personne, l’un des plus importants collectionneurs d’objets d’art du Sud-Est asiatique et marchand reconnu internationalement, Claude de Marteau (1935-2016). Cet autre Belge fournissait les plus grands collectionneurs à travers le monde et les plus importants musées internationaux. Ainsi, le Cleveland Museum of Art acquit son Bouddha Yuan auprès de lui. Un remarquable exemplaire de la période Gupta, provenant de l’ancienne cité de Sarnath, rejoignait, lui, les collections du Metropolitan Museum of Art de New York. Ces deux cas illustrent parfaitement le travail de ce grand spécialiste auprès de nombreuses institutions.

Par le biais de son site, Damien François a commencé à proposer ces œuvres à la si prestigieuse provenance. Aujourd’hui, plus que jamais, l’ancienne appartenance d’une pièce à un collectionneur expérimenté et reconnu constitue un élément essentiel dans la décision d’achat. Des clients français et italiens se sont ainsi manifesté.

« Être critique envers soi »

Pour de telles collections souvent muséales, Damien François souligne « qu’un bon placement ne se résume pas à une simple spéculation ». Il insiste sur l’importance de la visite des musées. « Il faut avant tout exercer son œil, s’impliquer et être critique envers soi-même ! Les musées Guimet et Cernuschi, à Paris, le British Museum, à Londres, pour ne citer qu’eux, possèdent des collections très riches, qui permettent de faire évoluer notre regard. » Si la connaissance et la curiosité permettent de mieux acheter, comme dans tous les autres domaines, « il faut aussi choisir une pièce avec le cœur, mais la payer avec sa tête », conseille le galeriste belge, présent sur Antikeo. Quant aux prix, ils commencent aux environs de quelques centaines d’euros, pour des pièces datant généralement de la seconde moitié du XIXe siècle ou des premières années du XXe.

Bouddha Debout Birmanie, Mandalay, Galerie Vintage Addict, XIXe, En vente sur Antikeo

Damien François nous confie que « les pièces birmanes de la Collection Claude de Marteau connaissent déjà un grand succès ». Il l’explique par le fait que « la Birmanie, pays historiquement fermé aux exportations d’antiquités, avec une réglementation très sévère, reste donc peu accessible ». Ces bouddhas, en bronze ou en bois, ont été rapportés des Indes par Claude de Marteau dans les années 1950 et 1960, au début de sa carrière. Les divinités tibétaines et népalaises vinrent ensuite rapidement, comme le prouve une attestation de provenance découverte par Damien François. Celle-ci constitue une réelle plus-value et une garantie pour les acheteurs.

Les enfants des pèlerins de 1970

Mais qui achète de l’art bouddhique ? D’origine et de sensibilité très variées, les amateurs français et européens ont souvent voyagé, au cours des années 1970 ou 1980 dans le Sud-Est Asiatique, notamment en Thaïlande et en Birmanie. Ils y ont côtoyé des pièces, encore présentes à l’époque sur certains marchés ou dans les campagnes, mais aujourd’hui disparues de ces lieux.

Grand Bouddha Maravijaya, Shan, XIXe, Galerie Vintage Addict, en vente sur Antikeo

Tout comme pour le mobilier ou les luminaires du XXe siècle, si l’objet ne change pas dans sa forme, sa qualité d’exécution a évolué. Sa finesse, sa patine, son âme ne se retrouvent plus dans les pièces contemporaines. C’est notamment pour cette raison que des passionnés se sont mis en quête d’objets authentiques. Souvent, les enfants de ces voyageurs ont baigné dans cette sensibilité et cette esthétique. Ils prennent aujourd’hui le relais. « Cette génération constitue ainsi un deuxième profil d’acheteurs », ponctue notre interlocuteur.

Bouddha Mucindila, Art Khmer de Lopburi, XIIIème siècle, Galerie Vintage Addict, En vente sur Antikeo

Les pièces de qualité offrent une réelle valeur esthétique dans les intérieurs les plus actuels tout comme dans les plus classiques. « Principalement en grès, bronze et en bois doré, ces sculptures, au-delà de leurs aspects décoratifs, apportent une réponse symbolique à une quête de sens partagée pour de nombreux familles occidentales », considère Damien François.

Avec notre antiquaire belge, évoquons encore une autre catégorie de clients, les collectionneurs d’art népalais ou tibétain (Vajrayana). « Ils s’intéressent surtout à des pièces de petites tailles, en bronze doré ou en alliage cuivreux ». Ces collections nécessitent quand même une réelle initiation et une expérience solide. Elles incluent souvent les pièces les plus chères. « Ce segment de marché, extrêmement actif, est dominé par les clients asiatiques, principalement chinois ».

Grâce à Damien François, la collection Claude de Marteau nous transmet de précieux témoignages, tout en ouvrant un pont entre l’Orient et l’Occident.