Paire de candélabres style Louis XVI en bronze doré Un Amour et Un Faune d'après Clodion et Delarue

Toute la lumière sur les bougeoirs et les chandeliers anciens !

Du simple bougeoir au candélabre en passant par le chandelier, le choix est vaste et concerne tous les budgets. Comment y voir clair pour bien choisir ?

Avant la fée électricité et les lampes à pétrole, la bougie était dans tous les intérieurs. Aujourd’hui, elle n’est pas complètement éteinte et continue à bien se vendre. Si, dans l’Antiquité, les lampes à huile étaient courantes, durant le Moyen Âge, le suif, gras et dégageant une odeur désagréable, a servi à faire des bougies. Ce suif sera remplacé par une cire provenant d’Algérie et plus précisément de la ville de Bugaya (Bougie).

Afin que cette bougie repose avec stabilité, quantité de supports sont imaginés. Ainsi, l’on distingue, par ordre croissant de taille : le bougeoir (qui n’a qu’une lumière), le chandelier, le flambeau (qui n’a qu’une lumière), le candélabre, le pique-cierge et la torchère (ces deux derniers n’ont qu’une lumière. On pourrait même ajouter des appliques murales pour bougies, voire les lampes bouillottes restées dans leur état d’origine.

La famille est particulièrement nombreuse. Commençons par le bougeoir qui en est le plus petit membre et n’est destiné à supporter qu’une seule bougie.

De plus grande taille, le chandelier possède plusieurs branches. Le chandelier de tapisserie, lui est muni de petits crampons bien aiguisés. Il se fixait solidement aux courtines des chambres. Il « remplaçait » ainsi le serviteur se tenant au pied du lit, chandelier à la main, d’où l’expression « tenir la chandelle » ! Le chandelier devient le pique-cierge dans les églises, portant alors une pointe destinée à piquer un cierge.

Le flambeau, lui, devient au XVIIe siècle synonyme de grand chandelier. À l’origine, il était une simple chandelle à mèche de grande dimension (on parle de marche au flambeau). Destiné à ne porter qu’une seule bougie, il se compose du chapiteau qui contient le binet, du fût et d’une base, le piédouche. Au XVIIIe siècle, les flambeaux se trouvent par suite de deux, quatre, six pièces, toujours par nombre pair.

Quant au candélabre, il est encore plus grand. Il se compose de plusieurs branches qui partent de la tige centrale. Il peut être de bronze doré, de métal argenté, voire d’argent massif.

Candélabres en bronze doré et ciselé, d’après un modèle d’André-Charles Boulle (1642-1732). Début du XVIIIe siècle. Décor aux sphinges et têtes de bélier. Le pied en bois sculpté et doré imite le bronze. H. : 51,5 cm. Environ 5 000 euros.

Les girandoles sont dérivées des candélabres. Elles abondent de guirlandes et de motifs décoratifs en cristal taillé. Elles sont souvent plus chères. La girandole est une variante du candélabre et se démarque de lui dans la seconde moitié du XVIIe siècle. À décor de cristaux et de guirlandes, elle affiche son style ouvragé.

Enfin, le plus grand de la famille est la torchère, généralement dotée d’un seul bras. Elle est tellement grande qu’elle s’installe souvent en extérieur.

Une imagination débordante

Le bougeoir-coupelle, plat, est muni d’un manche ou d’un anneau et souvent d’un appui pour le pouce. Une pointe permet d’y planter une bougie ou un binet (douille) de recevoir cette dernière. Plus tard, on ajoutera une petite pièce circulaire concave dans la partie supérieure, la bobèche, pour éviter à la cire de se répandre. Le bougeoir prendra aussi les noms de cuiller à chandelle, de porte-cire, de palette ou bien de plaque à bougie.

Bien des matériaux ont été employés : le bois, le fer, le fer forgé, le laiton, le cuivre, le bronze, le bronze doré, la céramique, le verre, la porcelaine, le métal argenté, l’argent massif… Les réalisations en verre sont surtout l’apanage du XVIIIe et du XXe siècles. Leurs tailles diffèrent selon l’usage : pour la chambre, pour descendre à la cave, pour une table de jeux, pour les offices religieux… Et que dire de ces jolis modèles de voyage entièrement démontables, rares à dénicher ?

Paire de chandeliers en biscuit de porcelaine du XIXe siècle, avec décor de chérubins. H. : 28 cm.

On trouve aisément sur les brocantes toutes sortes de petits chandeliers à bas prix, fabriqués en laiton ou en tôle émaillée. Plus ouvragés sont ceux en bronze, en verre, en céramique ; ils se vendent généralement par paire. Placés sur une cheminée de chaque côté d’une pendule, ils forment, avec cette dernière, ce que les antiquaires appellent une « garniture de cheminée ».

L’argent, un autre monde

Le candélabre offre une belle variété de modèles anciens aux lignes tourmentées, au décor chargé de torsades, de volutes, de feuillages qui s’apparentent au style rococo. Les chandeliers en bronze argenté du XVIIIe siècle ont été produits en plus grand nombre encore durant le XIXe siècle. La variété des formes et des prix est particulièrement large.

À un autre niveau, sur le marché de l’argenterie, et surtout du XVIIIe siècle, bouts de table, flambeaux de toilette et autres bougeoirs à main sont quasiment tous poinçonnés, sous la base de l’objet et dans le binet lorsque la provenance est parisienne. Si elle est provinciale, le poinçon n’apparaît donc pas dans le binet.« Le marché de l’orfèvrerie est d’une richesse incroyable et réunit des collectionneurs de plus en plus exigeants », explique Sandrine Dupont, commissaire-priseur à l’Hôtel des Ventes de Morlaix, près de la ville du même nom. L’argenterie est sa spécialité favorite. Elle a récemment organisé des ventes de grandes collections, jusqu’à Paris. « Certaines pièces atteignent des prix importants. Mais pour cela, elles doivent réunir de nombreux critères de valeur sur lesquels les collectionneurs sont particulièrement intransigeants. La pièce ne doit pas avoir été présentée récemment sur le marché, et doit figurer dans des ouvrages de référence. Elle doit également être en bon état et n’avoir subi aucune restauration. Ensuite, l’ancienneté, la signature et la provenance font la différence. »

Flambeaux en argent du XVIIIe siècle. L’un est poinçonné : Paris, 1756-1762. Maître Orfèvre Joseph-Pierre-Jacques Duguay, reçu maître en 1756. H. : 27 cm. Environ 8 000 euros pour ces pièces de qualité.

Sans surprise les pièces antérieures à 1750, plus rares, sont les plus recherchées des collectionneurs. Toutefois, le marché s’étend. « Certains amateurs, les moins “puristes”, élargissent leurs recherches aux pièces exécutées entre 1750 et 1798, tandis qu’ils sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’orfèvrerie du XIXe siècle », poursuit Sandrine Dupont. « En témoigne la paire de candélabres rocaille de la maison Aucoc, fondée en 1821, dont le prix peut être estimé entre 15 000 et 18 000 euros. »

Le marché de l’orfèvrerie est souvent spécialisé et local, pointu. « C’est une spécialité qui demande de la précision. Les collectionneurs se livrent à un véritable travail de recherche pour parvenir à identifier les différents poinçons. Pour les chandeliers en argent, les prix restent en majorité autour de mille euros. » Un autre aspect passionnant et… éclairant !

Reconnaître l’argent pur

– La loupe est indispensable à tout chineur pour examiner l’indice qui accompagne le poinçon. S’il est de 925, la pièce est composée d’un alliage et d’argent pur à 925 millièmes soit 92,5 % ; s’il est de 800, le pourcentage est de 80 %, etc. Ces indices ont une valeur internationale. En France, les spécialistes désignent par le terme « argent 925 », l’argent massif.

– Un procédé de détection de l’argent est basé sur la réaction de ce métal à l’acide nitrique. Sur une petite égratignure discrète, verser une goutte d’acide et observer la couleur obtenue : rouge vif pour de l’argent pur ; rouge foncé pour de l’argent fin 925 ; marron pour de l’argent 800 ; vert pour de l’argent à 500 millièmes ; jaune s’il s’agit de plomb ou d’étain ; marron foncé pour le laiton et bleu pour le nickel.

– L’argent n’est pas magnétique. Même à l’aide d’un aimant puissant, l’attraction ne se produira pas. Si elle se produit, c’est du fer recouvert d’argent (du métal argenté).

Frapper doucement l’objet avec une pièce de monnaie. Si le son est pur, tel celui d’une cloche, il est en argent.

Le point de vue du cabinet d’expertise

Le cabinet d’expertise Émeric et Stephen Portier est spécialisé notamment en objets de vitrine et argenterie.

– Qu’est-ce qui fait la valeur d’un chandelier en argent ?

« Plus il est ouvragé, plus il est recherché et plus il prend de valeur. Celle-ci dépend aussi pour beaucoup de la juridiction à laquelle l’objet appartient. Des modèles classiques, à l’image de ceux reposant sur une base octogonale à pans, auront plus de valeur s’ils appartiennent à une juridiction connue telle Montpellier, Toulouse, Rouen, Caen, Lille, Rennes, Bordeaux… Certains collectionneurs ne s’intéressent qu’aux pièces appartenant à leur propre juridiction. Il faut être vigilant : certains modèles ont été électrifiés. Soit on retrouve le trou laissant passer le fil au niveau de la base ou du binet, soit il a été discrètement rebouché. La valeur s’en trouve fortement dépréciée. »

– Que penser de la production du XIXe siècle ?

« Le XIXe siècle a produit de nombreuses pièces d’argenterie, dont des flambeaux identifiables à leurs poinçons 1er coq, 2e coq, Le Vieillard. À la fin du XIXe siècle, le métal argenté fait son apparition. Beaucoup de pièces sont spectaculaires. Les candélabres sont somptueux, imposants et ont la cote. On apprécie tout particulièrement les centres de table appelés “surtouts” le plus souvent accompagnés de candélabres. Certains collectionneurs vont établir leur choix sur les modèles allant par paires. »

Le point de vue des antiquaires

Ludivine et Raphaëlle Lassus sont à la tête de la Galerie Lassus à Paris, réputée pour l’orfèvrerie allant du tout début du XVIIIe jusqu’au XXe siècle.

« Les bougeoirs anciens datant du XVIIIe siècle sont les plus appréciés des collectionneurs et amateurs d’objets d’art. Ils représentent une clientèle pointilleuse possédant une grande connaissance de l’argenterie. Leur choix s’oriente vers le talent et la notoriété de l’orfèvre, Alexis Loir (1640-1713) et Edmé-Pierre Balzac étant les plus réputés. Ces amateurs se portent avant tout sur des modèles Louis XV en argent massif, décorés de courbes et de contre-courbes. Le bronze argenté et doré comporte également des pièces admirables, mais d’une valeur moindre. Le XIXe siècle présente des objets d’inspiration égyptienne, plus sobres et d’un prix moins élevé. »

Quelques prix

Entre 30 et 200 euros : Un petit bougeoir-coupelle simple avec sa poignée en forme d’anneau, surmontée d’un appui pour le pouce, des chandeliers droits en laiton ou en cuivre avec bouton poussoir sur le côté, une paire de bougeoirs en porcelaine de Limoges du XIXe siècle, une paire de petits bougeoirs en bronze ciselé et doré…

Petits bougeoirs en bronze, XIXe siècle. H. : 10 cm. Environ 50 euros (quelques chocs).

Entre 200 et 500 euros : un candélabre en métal argenté vers 1900, un flambeau en bronze ciselé du début du XIXe siècle…

À partir de 1 000 euros : paire de chandeliers en bronze du XVIIe siècle, candélabre du XVIIIe siècle…

Entre 4 000 et 6 000 euros : un chandelier de la seconde moitié du XVIIIe siècle (selon la renommée de l’orfèvre)…