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Les estampes modernes, une porte ouverte sur le marché de l’art

L’estampe, terme générique qui réunit plusieurs techniques d’impression, a favorisé la diffusion d’œuvres d’art au fil des siècles ainsi que la démocratisation du marché de l’art. Christophe Vandaele observe : « Aujourd’hui, on revient à l’esprit de l’estampe d’il y a un siècle, et ces gravures ou encore lithographies sont considérées comme des œuvres d’art à part entière. L’estampe permet ainsi au plus grand nombre d’acquérir une pièce de qualité. »

Au XXe siècle, on voit réapparaître des techniques anciennes telle celle du bois gravé ; cette période offre un champ infini, avec une production prolifique pour certains artistes. Le marché de l’estampe, à la fois stable et protégé, est porté par deux tendances : d’une part, une démarche spéculative, et d’une autre, des achats-plaisirs. Des artistes tels Picasso ou Dali se sont révélés de véritables producteurs d’estampes, et les œuvres sur papier peuvent, pour certaines, battre des records. Laurent Treffé, Galerie Art-K-Typ, rappelle que les grands noms gardent souvent leurs cotes et rappelle : « le galeriste est là aussi pour conseiller les amateurs dans leurs choix et pour les aider à démarrer une collection ».

Galererie des Songes : Ladislas KIJNO (1921-2012), Composition, en vente sur Antikeo

Cyril Dehay, Galerie des Songes, souligne que, parmi les œuvres d’artistes renommés, on trouvera des estampes abordables. Il cite notamment celles de Ladislas Kijno, tandis que celles de Buffet restent très onéreuses. Il ajoute : « Le marché reprend du poil de la bête, notamment avec des artistes tel Warhol, dont les estampes s’envolent. Cependant, le marché de l’estampe offre aussi une entrée de gamme ».

Des signatures connues et des artistes à redécouvrir

Laurent Treffé, marchand installé au Village Suisse (Paris), attire l’attention des amateurs sur des artistes comme Yvon Taillandier, précurseur de la figuration libre représentée aujourd’hui par Hervé Di Rosa, Robert Combas, Keith Haring… Yvon Taillandier a exposé plus de 400 fois au Japon, aux États-Unis, en Italie, Hollande, Grande-Bretagne, et l’amateur peut trouver sur le marché certaines de ses estampes à moins de 300 €, €, afin de pouvoir constituer une collection prometteuse. Il est donc possible d’investir dans ce type d’œuvre qui correspond au goût actuel et que le grand public va bientôt découvrir, grâce à l’ouverture d’un musée en Avignon, dans un hôtel particulier. Ce nouveau lieu donnera à son œuvre une reconnaissance auprès du grand public. Autre belle signature, celle de Gromaire ! De l’École de Paris, on retiendra également Alain Raya Sorkine, dont l’œuvre fut souvent comparé à celui de Chagall.

Galerie Art-K-Typ : Alain Raya Sorkine (1936-2022)- Lithographie EA signée – Les Mariés, en vente sur Antikeo

Cyril Dehay, Galerie des Songes, constate que le marché de l’estampe s’adresse aux primo accédants aux œuvres d’art. Une fois encore se pose la question du budget. Les trentenaires se concentrent le plus souvent sur la notoriété d’un artiste, tout en prêtant attention à l’esthétisme. Certains collectionneurs vont s’intéresser à l’ensemble de l’œuvre d’un artiste et se montrer exigeant sur la qualité et la rareté de l’estampe.

A la fois restaurateur, encadreur et marchand, Christophe Vandaele vend davantage dans sa galerie, implantée à Vendoeuvres près de Châteauroux, que sur Internet : 70 % VS 30 %. Cependant, il dispose d’un stock très important qu’il envisage de dévoiler prochainement sur le Web. Cyril Dehay, Galerie des Songes, quant à lui, constate qu’il vend in fine beaucoup d’œuvres sur papier car elles s’avèrent souvent plus accessibles que les tableaux. Ses clients savourent le plaisir de fouiller dans les cartons, que le marchand présente pendant les salons. L’aspect graphique des estampes retient l’œil des visiteurs pendant ces événements.

Galerie Christophe Vandaele : Hommage à Foujita, sérigraphie, épreuve d’artiste

Si Christophe Vandaele observe un intérêt pour des sujets animaliers, il constate que des thèmes classiques retiennent toujours l’attention. Il observe que le marché de la Déco se développe également. Cyril Dehay, Galerie des Songes, vend autant d’estampes figuratives qu’abstraites, bien qu’il observe un intérêt croissant pour l’art abstrait, au cours des 12 derniers mois tandis que Laurent Treffé, Galerie Art-K-Typ, relève qu’aujourd’hui la rareté prime chez les amateurs. Démarrer une collection d’estampes modernes avec peu de moyens Christophe Vandaele rappelle que l’on peut démarrer une collection avec peu de moyens, tout en se faisant plaisir. Avec quelques dizaines d’euros, il est possible d’acquérir parfois des œuvres tirées à moins de 100 exemplaires. Laurent Treffé, Galerie Art-K-Typ, conseille de commencer avec un petit budget pour se faire plaisir quitte à revendre ensuite pour monter en gamme. Selon lui,à moins de 200 €, l’amateur peut réellement se faire plaisir. Le moment venu, Cyril Dehay, Galerie des Songes, conseille de ne pas hésiter à dépenser 1000 € ou plus dans le cas d’un placement.

Les estampes modernes, objets de transmission

Dans les années 1960-1970, certains amateurs ont acheté des estampes qu’ils ont conservées au fil des décennies. Ces derniers les rapportent à Christophe Vandaele pour les faire restaurer ou réencadrer, parfois aussi ils les transmettent à leurs enfants, qui les accrochent à leur tour chez eux. Une estampe se transmet plus facilement qu’un tableau. Christophe Vandaele, à la fois restaurateur, encadreur et marchand, confie : « J’aime vivre avec les œuvres. Il faut cohabiter avec elles… C’est bien plus agréable et dynamique de les avoir accrochées à un mur plutôt que rangées dans un tiroir ». Les estampes modernes offrent un champ infini de possibles, et pour commencer une collection, il serait conseillé de choisir une période, une thématique, tout en suivant son instinct et ses émotions…

8 conseils de marchands pour acheter une première estampe

  • Se fixer un budget et anticiper sur l’encadrement, souvent plus cher que l’estampe.
  • Tout d’abord, se faire plaisir. Suivre son intuition à moins que le prix ne soit très élevé.
  • Discuter avec des marchands pour comprendre les techniques et apprendre à distinguer une lithographie, d’une eau-forte, d’une gravure ou encore d’une sérigraphie.
  • Veiller à l’état de conservation, plus précisément au papier : traces d’insolation ou d’humidité, pliures
  • Prêter attention à la numérotation
  • Se méfier des épreuves d’artistes non-numérotées
  • Toujours demander un certificat d’authenticité et une facture détaillée.
  • Côtoyer les galeries et salles des ventes mais profiter également des plateformes pour avoir accès à des œuvres du monde entier.