L’Inde védique
Le bouddhisme est un sujet qui acquiert rapidement une place prépondérante dans les arts asiatiques. Cette religion apparait dans le contexte de l’Inde védique. La conquête de ce territoire par les Aryas date de 1500 BC. ce groupe ethnique apporte avec lui les les éléments fondateurs de la civilisation indienne, c’est-à-dire une langue, le sanskrit, ainsi qu’une religion, le védisme. Les textes qui composent le corpus des Védas divinisent les éléments naturels. Ce sont les brahmanes qui ritualisent cette pensée religieuse.
En plus d’organiser la société avec une nouvelle religion et une nouvelle langue, les Aryas mettent en place le système des castes, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Au fur et à mesure, de nouveaux textes sont ajoutés au corpus, comme les Upanishad ainsi que les Brahmanas. Le dharma, l’ordre, définit la société et son évolution. Les défunts se réincarnent dans un cycle de renaissances infinies, le samsara. Le karma constitue la somme des actes vertueux, ou pas, qui influencent ce cycle.
Le védisme va donner naissance à deux grandes branches religieuses. La première, l’hindouisme, érige les Védas en texte fondateur. Trois dieux majeurs composent la Trimurti : Shiva, Vishnou et Brahma. Ils sont la manifestation de la divinité universelle, infinie et absolue, le Brahman. La seconde, le bouddhisme, recentre la pratique religieuse sur soi et met en exergue les leçons du Bouddha Shakyamuni.

Histoire d’une religion : le bouddhisme
Au VIème siècle avant Jésus-Christ, une religion hérétique va connaître un lendemain remarquable dans la civilisation indienne. Le bouddhisme est fondé à contre-courant du carcan élitiste qui place le brahmane comme seul lien entre les hommes et les dieux. Dans le bouddhisme, le but est de sortir du samsara afin de ne plus souffrir. L’accumulation d’actes méritoires mènent à la sortie du cycle des réincarnations vers le nirvana, l’Éveil. Cette extinction est le but que poursuivent tous les religieux.
- La première doctrine, le bouddhisme Theravada, « du petit véhicule », se veut l’héritier de la doctrine du Bouddha. La recherche de la délivrance est personnelle, et passe par la vie monastique.
- La seconde doctrine, le bouddhisme Mahayana, « du grand véhicule », apparait aux alentours du Ier siècle ap. J.C ; et introduit la notion de compassion. La recherche de Salut est avant tout tournée vers celui des autres. Ainsi, les divinités aidantes, les bodhisattvas, se multiplient.
- La troisième doctrine, le bouddhisme Vajrayana, « du véhicule de diamant », accentue cette notion de multiplication des divinités aidantes tout en recentrant sur soi la recherche de Salut.
Le Bouddha
Le personnage central de cette histoire est Siddhartha Gautama. Il est le fondateur du bouddhisme. C’est un penseur qui a dicté un mode de vie, ce n’est pas un dieu. Il est reconnaissable car il porte les marques distinctives des grands hommes. Au nombre de 32, elles ne sont pas toutes représentées dans l’art. Les plus importantes sont la protubérance crânienne, l’ushnisha, ainsi que la loupe de poil entre les yeux, l’urna. Les lobes d’oreilles distendus rappellent son origine noble. Il est né dans la classe des kshatriya, la plus élevée : le futur Bouddha portait donc de lourds pendants d’oreilles, avant de les abandonner au commencement de sa quête spirituelle.
Naissance
Siddharta Gautama est l’enfant du roi Shuddhodana et de la reine Mâyâ. Au cours d’un songe, la reine voit un éléphant blanc pénétrer son flanc droit. C’est un des premiers signes qui marquent les êtres d’exception. Sa mère, ayant décidé de quitter le palais de son époux pour aller chez sa propre famille, donne naissance au bout de 10 mois. Accrochée à une branche d’un arbre du jardin de Lumbini pour s’aider, Siddhartha sort du flanc droit de sa mère et se met debout. Il embrasse les quatre points cardinaux du regard avant de faire sept pas vers le nord. Ces signes sont interprétés par les devins comme étant la marque d’un chakravartin, un monarque universel, ou d’un Bouddha s’il renonce au monde.
Vie
Éduqué à la manière d’un grand prince, le roi s’efforces d’attacher Siddharta à la fonction royale. Il prend épouse, est entouré de tous les plaisir et vit reclus dans son palais. Cependant, cet être d’exception est curieux. Quatre nuit d’affilées, il sort de son palais et rencontre les quatre douleurs du monde. Sur son chemin, il rencontre un malade, un vieillard, un convoi funèbre et finalement un renonçant. Il admire le calme de l’expression de cet être voué à la spiritualité, complètement détaché des douleurs du monde. Convaincu que le bon chemin est celui du renoncement, il quitte secrètement le palais de nuit sur son cheval. Il se détache de tous ses attributs royaux en coupant ses cheveux, en échangeant ses vêtements, en revoyant son cheval et son écuyer ainsi que ses parures au palais. C’est anisi qu’il s’engage dans la voie religieuse.
Éveil
Afin d’atteindre l’Éveil, il se contraint dans un premier temps un ascétisme extrême. Mais cette pratique de l’abstinence ne le mène pas à mieux comprendre le monde. Il décide donc s’asseoir sous un arbre pipal à Bodh Gaya et fait le vœu de ne pas bouger de cette place avant de connaître l’Éveil. Après de longues heures de méditation, il énonce les quatre nobles vérités, à savoir l’existence de la douleur, la connaissance des causes de la douleur, la nécessité de l’arrêt de la douleur et finalement le chemin afin que la douleur cesse. Un démon, Mara, tente de le sortir de sa méditation, effrayé par les pouvoirs que Siddhârta pourrait acquérir. Ces tentatives sont vaines, et Siddhârta prend la terre à témoin de ses mérites passés. Il est désormais éveillé, c’est un Bouddha.
Bouddha prenant la terre à témoin, bois laqué et doré, Laos, fin XVIIIème-débutXIXème siècle, en vente sur Antikeo. Bouddha prenant la terre à témoin, bois laqué et doré, Laos, XIXème siècle, en vente sur Antikeo.
Enseignements
C’est à Sarnath que le Bouddha énonce son premier sermon à l’intention de ses cinq premiers disciples. Cette événement et la mise en mouvement de la roue de la loi entraînent la fondation de la communauté monastique bouddhique, la sangha. Ses enseignements sont à ses yeux la redécouverte d’une vérité autrefois enseignée par les Bouddha du passé. En effet, chaque ère cosmique possède son éveillé. D’ailleurs, le prochain Bouddha se nomme Maitreya.
En plus d’enseigner, le Bouddha effectue différents miracles tout au long de sa vie. Les épisodes les plus marquants sont les guérisons miraculeuses ou la maîtrise d’un éléphant ivre en créant une image de deux lions.

Mort
Toute sa vie, le Bouddha pérégrine, enseigne, convertit ses contemporains. Pendant de nombreuses années, il crée des communautés bouddhiques. Arrivé au terme de son ultime vie terrestre, à 80 ans, il s’arrête sur le site de Kushinagar. Trop faible pour continuer, il confie à ses fidèles qu’il attendra bientôt le nirvana. Couché sur le flanc droit, il entre dans sa dernière méditation et accède au Mahaparinirvana, « la grande et totale extinction ». Sa dépouille est brûlée et les reliques sont distribués entre dans plusieurs royaumes indiens et consacrées à travers l’élévation de monuments religieux, les stupa.
Les bodhisattvas
Certains êtres exceptionnels sont promis à l’Éveil mais décident d’y renoncer afin de se concentrer sur le Salut des autres âmes. Ainsi, ils retardent leur propre libération par compassion. Ces altruistes sont des bodhisattava. Avant de devenir Bouddha, Siddartha Gautama fut lui même un bodhisattva dans ses précédentes vies. Les plus connus sont Avalokisteshvara et sa contrepartie féminine Tara.

Avalokiteshvara incarne la compassion ultime. Padmapani est le nom qu’il prend lorsqu’il tient une fleur de lotus. Ce bodhisattva entend tous les appels des personnes en difficultés. Il protège et intercède en faveur des fidèles. Ainsi, il est très populaire dans de nombreux pays, et les arts asiatiques le représentent souvent. Sa place est prépondérante au Tibet. D’abord protecteur des rois tibétains, il devient par la suite la divinité de laquelle les dalaï-lamas émanent.
Le cas du bouddhisme au Tibet
Au Tibet, le bouddhisme prend une forme différente. La voie du Vajrayana met en place une série de moyens différents pour atteindre un but : la sortie du samsara. La récitation de mantra, l’élaboration de mandala, l’utilisation d’objets lors de rituels et la pratique du yoga tantrique aide les religieux sur le chemin du nirvana. Les divinités se multiplient et se montrent plus agressives, non pas envers le fidèle, mais envers les démons qui pourraient distraire le fidèle. Le religieux est mis sous la tutelle d’un maître à qui il accorde toute sa confiance. Contrairement aux doctrines précédentes, il est possible, potentiellement, d’atteindre l’Éveil en une seule vie.
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- Le vajra, le foudre, représente le pôle masculin lié à l’aspect indestructible de la pensée bouddhique et par les moyens mis en œuvre.
- La gantha, la clochette, représente le pôle féminin, liée à l‘accumulation de sagesse visé par l’Éveil. Elle est liée au vajra. Ensembles, ils représentent les moyens (vajra, connaissances) qui permettent d’accéder au but (gantha, Éveil).
- La kapala, la coupe en calotte crânienne, renvoie au caractère mortel de l’individu. Elle accueille les offrandes destinées aux divinités.
- Le kartika, le couperet, est censé trancher les illusions afin d’accéder à l’Éveil.
Les mandalas sont aussi très importants et permettent au religieux de projeter l’objet de leur méditation. La réalisation d’un mandala en sable peut durer plusieurs jours. Une fois terminé, le sable est rassemblé et dispersé en offrande à la divinité. Le mandala est un support de méditation capital dans le Vajrayana. Certains stupa tibétains sont même architecturés et pensés à la manière de mandala tridimensionnels.