Émile Gallé est un artiste et créateur Art nouveau, et fondateur de l’École de Nancy. Au fil de sa carrière, Gallé s’essaie à diverses techniques, que ce soit l’art verrier, la céramique ou l’ébénisterie.
Grand passionné de botanique, Gallé crée un imaginaire d’arts décoratifs Art nouveau naturaliste, orienté autour des fleurs et des insectes. Il les intègre notamment au sein de ses création verrières. Gallé produit un nombre colossal de pièces de verres. Il ouvre une cristallerie en 1894 qui lui permet de produire de nombreuses pièces de manière industrielle, bien que certaines d’entre elles restent inédites. Ces pièces de verres Art nouveau servent à la réalisation des tulipes, coupes et bobèches en pâte de verre pour des lustres, des pieds et obus de lampes,…Il crée également un nombre important de vases Art nouveau en verre communément appelés Vases Gallé.

Afin de produire des vases de décors et formes variées, Gallé, en grand scientifique, recoure à plusieurs techniques, dont la plus connue est celle de la marqueterie sur verre. Après sa mort en 1904, ses cristallerie continue de produire un nombre important de pièces.
I. Signature et marque d’un vase Gallé
De son vivant, Emile Gallé ne signe jamais les pièces qu’il crée. De fait, cette tâche est réservée à d’autres membres de son atelier. C’est ce qui explique la grande variété calligraphique des signatures des œuvres de Gallé.
Les différentes techniques de production des vases permettent d’obtenir des pièces de qualité et de valeur variables. Par conséquent, la signature des pièces de plus grande qualité se trouvent sur le corps même, alors que pour les autres, elle se situe à l’arrière du vase. A cette époque, les signatures deviennent nombreuses, ce qui rend leur authentification hasardeuse.
Après la mort de Gallé, une marque est déposée. Sa cristallerie continue de produire des vases et, à cette occasion, les signe. L’épouse d’Emile Gallé décide d’utiliser la signature personnelle de l’artiste pour signer les pièces. Cette marque, si caractéristique, est la plus commune. De fait, elle s’appose sur les pièces produites en grandes séries, soit les plus nombreuses et les moins chères. Cette marque est, ou non, accompagnée d’une étoile.


II. Les techniques des vases Gallé
Émile Gallé et, après lui, sa cristallerie, utilisent diverses techniques afin de réaliser les vases. Ces procédés, plus ou moins complexes, déterminent en grande partie le résultat obtenu et le coût d’une pièce.
La marqueterie sur verre
Émile Gallé développe le procédé de la marqueterie sur verre en 1897 et en détient le brevet une année plus tard. Néanmoins, il en développe les bases alors qu’il est encore à Meisenthal et qu’il ne dispose pas de sa cristallerie. Cette technique, dont la réalisation est complexe, est uniquement pratiquée par Gallé lui-même et disparaît avec lui, à sa mort.
Ce procédé se pratique à chaud. Il s’agit d’insérer, dans la masse de verre chaude et à l’état de pâte molle, des fragments de verres colorés. Ces derniers comprennent, la plupart des décors réalisés au préalable. Ensuite, la pâte est façonnée et lissée. L’opération se répète à plusieurs reprises afin d’intégrer plusieurs types de décors. Cela oblige la pièce de verres à être chauffée plusieurs fois. Cette opération n’est pas sans risques étant donné qu’elle soumet l’ensemble à un haut potentiel de fêlures dans la mesure où la pièce de verres initiales et les divers ajouts ne disposent pas du même coefficient de dilatation.

Comme nous venons de le préciser, les fragments insérés dans la masse chaude s’ornent généralement de décors. Ces derniers se réalisent, la plupart du temps, grâce aux techniques de gravures du verre à froid.
La gravure du verre à froid
La gravure du verre à froid est une autre technique de décoration du verre. Moins onéreuse, E. Gallé l’utilise dans la réalisation de très nombreuses pièces.
Les verres multicouches
La gravure du verre à froid nécessite un verre multicouches. Il s’agit d’un verre soufflé qui se constitue de minimum deux couches de verre de couleurs différentes. Il existe deux manière de superposer des couches de couleurs différentes. Soit le verrier superpose une paraison de verre en fusion de couleur 1) dans une autre paraison de couleur 2) et souffle l’ensemble; soit il souffle une paraison de couleur 1) dans une coupelle dans laquelle se trouve une fine épaisseur de verre de couleur 2) déjà soufflée.

Ensuite, à l’aide des techniques de l’acide ou de la roue, le verrier retire, à certains endroits, une ou plusieurs épaisseurs de verre coloré. Cela permet d’obtenir des motifs en reliefs de couches de couleurs différentes. Cette technique s’inspire de celle du camée antique en agate. Le verres multicouche sert, d’une part, à la réalisation de la marqueterie sur verre et, d’autre part, à la confection de vase par gravure à froid. La production de ces dernier est industrielle et son prix de revient est moins élevé que celui de la marqueterie sur verre.
La gravure à l’acide
La gravure du verre à l’acide est une des techniques de décors du verre à froid utilisés par E. Gallé. Tout comme la gravure à la roue, elle vise à enlever une couche sur un verre multicouches afin d’obtenir la couleur sous-jacente. La pièce de verre est enduite de bitume ou de cire. Il s’agit de la partie « en réserve ». Seules les parties et motifs à graver, soit ceux dont la première couche de verre doit partir ne sont pas recouverts de cet enduis. Ensuite, la pièce de verre est immergée dans un bain d’acide fluorhydrique. L’acide mord la couche de verre nom protégée et laisse apparaitre la couche précédente. L’opération peut se répéter plusieurs fois, afin d’atteindre les différentes couches du verres et obtenir un motifs polychrome.

La gravure à la roue
La gravure à la roue est la seconde technique de décor du verre à froid qui permet à Emile Gallé de produire ses vases. La taille à la roue rend un trait d’exécution plus précis que la gravure à l’acide. Par conséquent, cette technique sert à graver les pièces de plus grande qualité. Par ailleurs, il n’est pas rare que les deux techniques de gravure à froid interviennent successivement dans la confection d’une même pièce.
La gravure à la roue, dite gravure directe se pratique à l’aide d’une meule tournante ou d’une pointe de diamant. Les meules se réalisent dans diverses matières telles que le plomb, le carborundum, la pierre ou le cuivre et disposent de tailles différentes. La différence de taille t de matière permet la réalisation de traits différents. Ces meubles s’actionnent par le biais d’un tour. La pièce de verre est apposée contre la meule en action. Cette dernière irise peu à peu la surface du verre et enlève la première couche afin de laisser apparaître celle du dessous. Afin que le trait reste toujours précis, l’opération est constamment irriguée par de l’eau ou de l’huile.

III. Ornementation des vases Gallé
Considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Art nouveau en France, Emile Gallé attache une grande importance à l’imaginaire naturaliste. En conséquence, ses productions verrières et, notamment ses vases, sont avant tout une ode à la faune et à la flore.
La flore
Emile Gallé se passionne pour la botanique. De fait, il réalise plus de mille écrits reprenant des croquis d’espèces florales pouvant servir à la réalisation de décors pour ses vases. Voici une liste non exhaustive des motifs Art nouveau les plus en vogue qu’Emile Gallé développe. Le chardon, l’iris, le narcisse, le fuchsia, le lys, la marguerite, l’orchidée, l’œillet-de-Dieu, le physalis, le volubilis, l’ancolie, la clématite ou l’abutilon sont des espèces privilégiées dans l’ornementation des vases Art nouveau d’Emille Gallé.

Par ailleurs, l’ouverture du Japon en 1867 permet une meilleure connaissance de sa flore. Par conséquent, une influence japonisante se fait ressentir, avec l’arrivée de nénuphars ou de sakuras comme motifs au sein des arts décoratifs.
La faune
Par ailleurs, dans la lignées de certains de ses contemporains Art nouveau, tels Victor Horta, E. Gallé s’intéresse également aux représentations issues du règne animal et, plus précisément, aux insectes. Au premier rang, se situe la libellule. Animal représentatif de l’Art nouveau par excellence, la libellule est le symbole de l’évolution de la vie. Si E. Gallé l’utilise dans ses productions verrières, il y recouvre également dans la confection des attaches des abat-jours de ses lampes en pâte de verre. En outre, d’autres de ses contemporains, tels que Tiffany créent des lampes en verres américain au centre desquelles la libellule se trouve.

En outre, d’autres animaux interviennent dans l’ornementation des vases d’Emile Gallé. Il s’agit, entre autres, du poisson, du dragon ou du papillon.
IV. La forme des vases Gallé
Enfin, ce qui concerne leur forme, les vases d’Emile Gallé disposent d’une grande variété. De fait, il crée aussi bien des coupes, que des soliflores, des vases balustres à piédouche, des vases sphériques à col évasé, des vases ovoïdes à col pincé, ou des vases coniques.



Le conseil d’Antikeo
Si vous souhaitez acheter un vase Gallé, vous vous devez d’être vigilant à plusieurs facteurs. En effets, ces derniers déterminent grandement le prix. D’une part, portez attention à la signature car il existe énormément de faux. D’autre part, soyez vigilant au mode de production : s’agit-il d’une gravure à l’acide ou à la meule ? Enfin, méfiez-vous des vases en marqueterie de verre. Ceux-ci sont très rares et très couteux ! Pour ces raisons, nous vous conseillons de vous adresser à un antiquaire ou à un site de vente d’antiquités en ligne qui pourra vous donner un descriptif complet des vases et en garantir la provenance !