Connaissez-vous les meubles et objets en papier mâché ?

Découvrons la singularité, la rareté et la poésie des créations en papier mâché. Ces meubles et objets ont connu leur heure de gloire dans la seconde moitié du XIX^e siècle.

« Je ne peux que vous encourager à vous intéresser à cette technique », conseille Michèle Benhaïem. Cette spécialiste du sujet a fondé Le Chat Rouge Antiquités en 2012, dans la Creuse. « Sans vous ruiner, vous pouvez sauvegarder une partie de ce patrimoine. » Elle nous confie d’ailleurs qu’elle est : « folle du Second Empire ». Et ajoute « Je le voyais chez mes parents ; ce qui m’a décidée à me consacrer au mobilier Napoléon III dès que je devins antiquaire. »

Elle qualifie le mobilier en papier mâché de « magnifique, poétique ou encore féminin ». Elle souligne « la possibilité infinie des formes chantournées ». Le matériau incrusté de nacre et de burgo, ainsi que le décor peint à la main or et laqué en font des meubles très précieux. Leur iconographie, fleurs, oiseaux, insectes et chinoiseries, y contribue pleinement. Certains des clients de notre antiquaire meublent des chambres d’hôtes avec ce mobilier ou l’utilisent pour certains événements. Cependant, « ces objets se montrent plus qu’ils ne servent », même si ces pièces ne correspondent plus à l’esprit de notre époque, car aujourd’hui on cherche davantage du fonctionnel, du mobilier et des objets qui peuvent servir. Certains collectionneurs boudent le Napoléon III et le Victorien, même les objets d’une grande beauté ou des pièces rares.

Avec une clientèle majoritairement étrangère, américaine et allemande, Michèle Benhaïem, qui ne participe à aucun salon, vend, à 99 % sur Internet, du Napoléon III à des clients âgés généralement de 45 à 60 ans. Notre spécialiste estime que « les petits objets tels que les coffrets à bijoux ou les boîtes à gants se vendent plus facilement que les travailleuses, chaises, gondoles ou guéridons ». Elle tient également à ajouter que « ce matériau nécessite un entretien aussi simple que celui du bois marqueté ».

Étonner et séduire

Direction la Belgique ! Marissa Joris, qui a créé Palmyre Antiquités, au Marché des antiquaires du Sablon, à Bruxelles, observe, quant à elle, un regain d’intérêt pour le papier mâché en raison de ses qualités décoratives et de sa singularité. Marchande spécialisée en tabletterie, Marissa Joris propose des boîtes, objets, coupelles, assiettes décoratives, boîtes à thé ou à bijoux. Elle précise particulièrement bien vendre les boîtes. Elle attire notre attention sur les formes mouvementées, en pagodes ou ondulées, l’abondance de nacre et la polychromie d’origine.

Elle sélectionne surtout des objets qui se vendent bien. « Souvent, ma clientèle n’achète qu’un seul objet qu’elle met en valeur », explique Marissa Joris. « Ma clientèle, plutôt variée, s’intéresse à ces objets qui étonnent et séduisent ». Grande tradition en France et en Angleterre, le papier mâché retient l’attention de nombreux collectionneurs français et anglais. Des trentenaires et quadragénaires se laissent séduire par le noir, la nacre et la polychromie. Ils apprécient l’originalité et la touche décorative de ce matériau. « Ces pièces attirantes se vendent aussi bien sur Internet qu’en galerie, à des professionnels, des collectionneurs et amateurs », ajoute notre interlocutrice.

Avec une enveloppe de 100 à 150 euros, il sera possible de s’emparer d’un petit objet que l’on pourra ensuite revendre pour acheter mieux. Dès 200 euros, l’amateur pourra prendre possession d’un plateau ou d’un coffret, tandis qu’une travailleuse lui reviendra à 600 euros environ. Une chaise coûtera environ 1 000 euros, et un guéridon 800. Il faudra penser à les dépoussiérer et veiller à utiliser un produit spécifique pour l’entretien de la laque.

Technique des meubles en papier mâché

Il existe plusieurs recettes pour fabriquer des objets en papier mâché, et notamment celle encore utilisée aujourd’hui pour du bricolage et que l’on trouve abondamment sur Internet. Elle se compose de colle à base de farine, de plâtre et de papier. Cependant, dans l’industrie du XIX^e siècle, la formule qui nous occupe ici était plus sophistiquée, en particulier suite aux nombreuses découvertes faites en chimie à l’époque. Elle impliquait, outre du papier et du carton, de la gomme arabique, des produits bitumeux (de couleur noire), des laques synthétiques, voire des chiffons. La pâte était chauffée et thermoformée, puis laquée, décorée… On pouvait arriver à fabriquer des chaises sans entretoise qui résistaient au poids d’un adulte.

Pour plus de détails nous vous conseillons le Musée Au fil du papier à Pont-à-Mousson (54). Une collection unique en France d’objets et de meubles laqués en papier mâché dans la ville qui fut le principal centre français de production de ce matériau grâce à la famille Adt, d’origine allemande. D’ailleurs, à l’époque, il se dégageait de terribles odeurs…

4 conseils pour un premier achat

– Bien observer les arêtes, les bords et regarder s’il n’y a pas trop de manques.

– N’acheter que des objets en bon état, car les restaurations peuvent s’avérer compliquées et onéreuses. En outre, il s’agit d’une technique et d’un savoir-faire qui se raréfient.

– Commencer par un petit objet pour s’assurer d’en apprécier le toucher.

– Choisir une jolie pièce pour laquelle vous avez un coup de cœur.