Entre collection et pur plaisir, les bijoux de paruriers ou de couture nous montrent qu’il n’est pas nécessaire d’étaler des millions pour trouver de belles choses qui témoignent d’une grande créativité. Faisons le point sur ce thème de collection original.
Connaissez-vous les bijoux de paruriers ? Ce sont des pièces réalisées pour accompagner les créations vestimentaires des grands couturiers. Contrairement aux bijoux de joaillerie, les bijoux de paruriers étaient généralement produits avec des matériaux peu onéreux comme de la pâte de verre ou des résines synthétiques. Point d’or et de diamant : le but n’était pas de mettre en évidence des pierres précieuses, ni de copier la joaillerie classique. L’intention était vraiment créative, au sens noble du terme.

Un regain d’intérêt
On constate un regain d’intérêt pour les bijoux anciens de paruriers avec le goût actuel pour la mode vintage », déclare Catherine Leroy, qui traite notamment des ventes de couture chez Eve (Estimations Ventes Enchères), à Paris. « La clientèle dépasse le cercle des collectionneurs.» Mais que sont au juste les bijoux de paruriers ? Ce sont des bijoux dits de fantaisie, car ils ont été conçus avec des matériaux aux prix accessibles, sans or, ni pierres précieuses, mais ils s’en distinguent pour avoir été réalisés par des paruriers travaillant pour la haute couture ou le prêt-à-porter. Par exception, quelques matières plus rares et un un peu plus coûteuse peuvent avoir une influence sur la valeur de l’objet, tel l’ambre jaune.
Si les bijoux de paruriers se chinent de plus en plus pour être portés, ils sont aussi recherchés par des collectionneurs. Ceux-ci « apprécient que le bijou ait été porté durant un défilé ou qu’il soit répertorié dans les archives des maisons de couture », poursuit Madame Leroy. « Ces passionnés s’appuient sur de la documentation, de vieux magazines, des photos de défilés… L’idéal est que le bijou ait été produit pour une maison de haute couture, car, comme toujours, la valeur n’est pas la même que pour le prêt-à-porter .» Ajoutons que, comme souvent dans les antiquités, les pièces uniques ou les productions en séries limitées ont généralement plus de valeur.

Les créateurs, dont le souvenir s’efface souvent derrière celui des grands noms de la couture, se devaient de suivre les désirs des stylistes. Ils travaillaient comme les brodeurs, les plumassiers, les boutonniers, les bottiers… Souvent, ils avaient un atelier chez eux.
Le bijou de parurier apparaît comme spécialité vers 1910 avec le couturier Paul Poiret. Coco Chanel a également été l’une des premières à solliciter la production de “bijoux de couture”. Quelques clientes demandaient aussi qu’on leur fabrique “à façon” de ces bijoux dit aussi “de fantaisie”.
Elsa Triolet et Aragon
Dans les années 1930, Elsa Triolet, qui exerçait la profession d’artisan en bijoux de fantaisie pour la haute couture, envoyait son compagnon, le poète Aragon, commercialiser son travail à elle. Une petite valise sous son bras, l’écrivain frappait aux portes des maisons de couture parisiennes. A l’époque, la littérature ne permettait pas encore de faire bouillir la marmite du célèbre couple. C’est la première fois que des réalisations de la muse, et écrivain elle-même, sont montrées au public !

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les ateliers se multiplient à Paris. La Chambre syndicale des paruriers représente l’un de ces métiers de la mode comme les bottiers, les plumassiers, les brodeurs…
Dans les années 1960, quelques artisans se distinguent particulièrement dont Roger Scemama et Jacques Gautier. Ce dernier, maître verrier de son état, a créé beaucoup de nouveautés dans le choix des formes, des matériaux, des couleurs… La fabrication de ce que l’on appelle aussi des bijoux de fantaisie s’est poursuivie avec bonheur jusque dans les années 1970. Vers 1980, la production commence à décliner. De nos jours, la Chine se taille la part du lion en la matière; elle produit sur commande…
1950-1960 : l’âge d’or
En général, les bijoux étaient réalisés en petites séries, voire en un exemplaire unique. D’où leur valeur particulière aux yeux des collectionneurs. Les années 1950 et 1960 représentent l’âge d’or du genre.
Le bijou de parurier montre que beauté et création ne riment pas nécessairement avec fortune et argent. Il témoigne aussi des modes et des goûts d’une époque. Conçu à l’origine comme un élément secondaire, il brille en pleine lumière aux yeux du chineur.
Les paruriers sont d’autant plus méritants qu’ils ne peuvent pas recourir à la richesse des matériaux ou au savoir-faire du tailleur de diamants, pour créer du beau. Sans éléments précieux, le bijou peut pourtant le devenir, lui, grâce à sa valeur esthétique et de collection.
Combien ça coûte ?
De quelques centaines d’euros à quelques milliers. La plupart des bijoux de paruriers se vendent entre 250 euros et 1000 euros. Avec 2000, on atteint de très belles choses. Certaines se chiffrent en milliers d’euros et quelques rares dépassent les 10 000 euros, notamment les pièces “historiques” pour collectionneurs avertis.
Les pièces mythiques des grands couturiers peuvent atteindre quelques dizaines de milliers d’euros (rare).

Le genre connaît le succès. « Les prix sont actuellement à la hausse », confirme Catherine Leroy. « C’est particulièrement vrai pour certaines pièces considérées comme mythiques ou provenant de grands collectionneurs.» En outre, un détail est particulièrement révélateur de l’engouement actuel : « les maisons de haute couture rachètent aux enchères leurs anciennes productions ; elles se réapproprient leur patrimoine ».
Où les trouver ?
Chez les antiquaires spécialisés dans les bijoux anciens, en boutique ou sur les stands des salons, ainsi que lors de ventes aux enchères, comme celle de Cornette de Saint-Cyr (à Paris). Pas vraiment dans les maisons de couture qui ont conservé relativement peu de pièces dans leurs stocks. .Pour l’essentiel, l’amateur doit chiner… Le plaisir n’en est que plus grand.
Les principaux matériaux
- Pâte de verre.
- Emaux.
- Résines synthétiques, y compris le plastique.
- Strass.
- Cristal, cristal de quartz, quartz rose.
- Bois exotiques.
- Acier et divers métaux.
- Jais.
- Corail.
- Etc.
Voir
Musée Galliera – Musée de la mode
10, avenue Pierre 1er de Serbie
75006 Paris
Tél. : 01 56 52 86 00