Marchons sur les traces de Napoléon et de sa campagne d’Egypte grâce aux gravures anciennes.
De par leurs qualités décoratives et leurs prix attractifs, les estampes permettent bien souvent un premier pas dans le monde des antiquités. Cependant, ce domaine nécessite quelques connaissances de base. Prenons l’exemple des gravures du début du XIXe siècle baignant dans une atmosphère préromantique et néo-classique, et particulièrement de celles évoquant la campagne d’Egypte de Napoléon, un sujet mythique.

Installé marchand depuis trente-huit ans, Dominique Belhache n’observe pas d’évolution particulière sur ce marché. Particuliers ou professionnels, les acheteurs acquièrent bien souvent des planches pour leur fonction décorative. La décoration est donc une motivation d’achat certaine dans la spécialité. Cependant, aujourd’hui, l’estampe demeure encore assez souvent, hélas, le parent pauvre de la peinture ou de la sculpture.
Un ouvrage par préfecture…
Pourtant, des découvertes, telle la première édition de l’ouvrage Description de l’Égypte, s’avèrent encore possibles. En 2022, Dominique Belhache a ainsi mis la main sur plus de 400 gravures, toutes originales. Il s’agit d’un recueil des recherches menées en Égypte pendant l’expédition de l’Armée française. Publié à la demande de Napoléon Ier, cet ouvrage existait sous l’Empire en un exemplaire, dans chaque département de France. Un filigrane dans la planche, « Égypte ancienne et moderne », indique qu’il s’agit de l’édition originale (évidemment, on le repère en regardant à contre-jour la planche).

« Sous le charme, avant de me sentir envahi », le marchand réalise, en découvrant l’ensemble, que ces 400 planches proviennent d’un ouvrage mythique. Ne connaissant pas tous les protagonistes de l’expédition, il mène l’enquête, se renseigne et découvre ainsi des savants français de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
La faune et la flore quelque peu délaissées
Depuis deux ans, notre antiquaire propose ces gravures à la vente. Il remarque que, comme pour les estampes en général, ces feuilles séduisent « des gens déjà arrivés dans la vie, souvent âgés de plus de quarante ans ». Pour ces derniers, « ces planches constituent un premier achat ou un élément de décoration, et les place, par exemple dans une cage d’escalier ». Dominique Belhache observe « un goût marqué pour l’architecture et les sujets égyptiens ». Les vues et découvertes réalisées pendant l’expédition en Égypte retiennent bien souvent l’attention des amateurs « tandis que la faune et la flore, malgré leurs qualités esthétiques, mettent plus de temps à trouver preneur alors qu’elles sont pourtant moins chères ». Pour la description de l’Egypte, on trouve, par exemple, des planches de hiéroglyphes, de temples, de hauts dignitaires… Paradoxalement, certaines éditions originales s’avèrent moins chères que des rééditions vendues notamment dans les boutiques des musées.

Plus généralement, les planches en couleur sont les plus recherchées. Par ailleurs, notre antiquaire nous confie : « Je m’émerveille devant de superbes planches de faune marine, notamment des étoiles de mer, mais je m’étonne de recevoir si peu de demandes françaises pour ces sujets ». Le professionnel travaille aussi avec l’Angleterre et le Danemark. Ne participant à aucun salon, il vend à 75 % (manque l’espace entre le nombre et %) sur des plates-formes tel Antikeo, et le reste à sa galerie à Bernay, dans l’Eure.
6 conseils pour un premier achat
– Bien regarder l’état de conservation, car le prix de la restauration peut être très élevé.
– Faire attention aux taches d’humidité dues aux variations de température.
– Surveiller d’éventuelles piqûres d’insectes, car elles peuvent créer des galeries qui ne sont pas restaurables.
– Souvent, les feuilles sont vendues nues et il faut prévoir un budget pour l’encadrement qui, dans certains cas, coûte plus cher que la planche.
– Confier l’estampe à un professionnel : un encadreur va dépoussiérer la feuille et retirer le léger dépôt.