Le style Empire
Le style Empire couvre l’ensemble de la production artistique et architecturale qui se développe durant le règne de Napoléon. Il est précédé d'une période de transition qui correspond à l'époque révolutionnaire et au Directoire et qui s'étend, par conséquent, de 1790 à 1799. Le style Empire proprement dit comprend le règne de Napoléon (1800-1815), mais il s'est prolongé, quoique alourdi, pendant toute la Restauration, sous les règnes de Louis XVIII et de Charles X (1815 à 1830). Le style Empire n'est pas une réaction contre le style Louis XVI, mais plutôt sa continuation et son développement naturel.
Ce style massif et rigide tire son inspiration de l’Antiquité gréco-romaine et égyptienne et délaisse complètement l'étude de la nature. En bon communiquant Napoléon voulait ce style comme métaphore de l’Empire : stable, légitime et indélogeable.
Éléments décoratifs Empire
Le style Empire conserve, surtout au début, quelques éléments de l'ornementation Louis XVI ; mais ces éléments perdent leurs leur rondeur, les lignes sont droites, simples et strictes.
Les éléments nouveaux sont surtout empruntés à la décoration pompéienne (rosaces, palmettes grêles, guirlandes menues, trépieds, chimères, grecques, postes, colonnettes, baldaquins, etc.) ; ils se mélangent avec les attributs guerriers de l'art grec et romain (boucliers, glaives, casques, piques, renommées) et même, après la campagne d'Égypte, avec les ornements égyptiens (sphinges, de sphinx, de victoires ailées, d’attelages ou de cariatides).
Les compositions, et principalement celles faites de palmettes, s'inscrivent dans des formes géométriques : carrés, losanges, triangles, cercles. Les grandes lois de la répétition et de la symétrie sont scrupuleusement observées, si bien observées que le décor dégage parfois une impression de rectitude.
Les feuillages eux-mêmes se plient à la rigoureuse discipline de la symétrie ; rigides et exempts de toute fantaisie, ils sont régulièrement disposés de chaque côté d'une tige verticale. Les rinceaux se déroulent ; on sent qu'ils sont découpés et appliqués ; véritables œuvres calligraphiques, comme du reste toute l'ornementation. L'œil de la volute comporte toujours une forte rosace géométrique.
L'ornement le plus employé est sans contredit la palmette ; utilisée en alternance avec les culots pour la décoration des frises, disposée en rosace ou en motifs isolés, elle est la forme la plus souvent rencontrée, et non seulement dans la décoration architecturale, mais encore dans toutes les productions industrielles. Les couronnes florales sont très serrées, compactes, sans aucune découpure. Comme éléments floraux, on rencontre encore : la vigne, les pavots et les palmes.
La faune est représentée par les têtes de lion, les griffes (pieds de meubles), les chimères dont le bout des ailes se termine en volute et la queue en rinceaux, les sphinx, les bucranes, les têtes de bélier, les chevaux, les cygnes, les aigles, les abeilles, les papillons, les scarabées.
La figure humaine sert généralement de motif principal au centre des panneaux : femmes nues ou drapées, danseuses grecques, personnages sur un char triomphal, amours ailés, etc.
Les masques, très fréquents, sont des têtes de Gorgone aux cheveux en serpents, des têtes de Bacchus couronnées de pampres, des têtes d'Apollon entourées de rayons.
Après la campagne d'Italie, les sphinx égyptiens, qu'il ne faut pas confondre avec les sphinx grecs, apparaissent dans le décor, ainsi que les disques ailés, les scarabées, les têtes de lion avec klaft et les cariatides en gaine, dont la partie supérieure est une tête de femme coiffée à l'égyptienne, tandis que la partie inférieure représente les pieds nus.
On trouve encore dans le décor : les cornes d'abondance, les amphores, les coupes, les cratères, le caducée, les thyrses, la foudre ailée de Jupiter, le trident de Neptune, les lampes antiques, les carquois ailés, les instruments de musique : sistres, crotales, lyres, etc.
Toute cette ornementation semble obéir à une discipline rigoureuse, à des alignements corrects et à des dispositions graphiques dont le mécanisme rigoureux ne laisse place à aucune surprise.
Une mention spéciale doit être faite à une création ou, plus exactement, à une interprétation d'un motif antique : les victoires ailées tenant les lauriers en guirlandes ou les longues palmes géométrisées ; ces motifs symboliques ont pris dans la figuration sculpturale une allure décorative qui n'est pas sans grandeur.
Enfin, tout comme Louis XIV, Napoléon a ses emblèmes : c'est l'aigle, ce sont les abeilles, les étoiles et les initiales I ou N surmontées de la couronne impériale.
Par ailleurs, l’Empire se caractérise par une forte production d’objets d’une extrême finesse. Nombre de fauteuils Empire, pendules Empire, flambeaux Empire et autres objets en bronze doré, noirci, et en marbre surviennent. La Manufacture Impériale de Sèvres, quant à elle, recouvre ses lettres de noblesse et produit un nombre important de pièces de style Empire.
Enfin, en matière de mobilier Empire, l’acajou devient l’essence la plus prisée. il s’agrémentent de bronzes dorés brunis rapportés. De grands noms tels que Jacob-Desmaltères produisent des meubles Empire d’une grande qualité.
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