Lorenzo Pasinelli (Bologne, 1629 - 1700)
Prédication de Saint Jean-Baptiste Vers 1650.
Huile sur toile 115 x 154 cm. - Avec cadre 136 x 174 cm.
Provenance : Milan, Porro, 6 juin 2006, huile sur toile, 115 × 154 cm, lot 67, estimation : 30 000-35 000 euros (lien)
Œuvre publiée : F. Moro, Emilia Pittrice : tracce d'un percorso di studi, dans Emilia Pittrice. Dipinti e disegni bolognesi del XVII secolo, catalogue de l'exposition, Paris Galerie Tarantino, 2007, pp. 34-38, ill. 25
La toile examine un épisode tiré de l'Évangile de Luc (3, 1-18) et illustre le moment où Jean-Baptiste est occupé à prêcher dans le désert de Judée, annonçant la venue du Messie et invitant les personnes présentes à se convertir pour le pardon de leurs péchés.
Dans une clairière, à l'ombre de quelques arbres et à l'abri d'une colline le long des rives du Jourdain, le jeune précurseur du Christ est assis sur un rocher, dans une posture oratoire et avec une attitude majestueuse, le bras droit levé en direction de la foule qui l'écoute et s'interroge sur ses paroles. Figure puissante, à fort impact émotionnel, qui attire les foules venues écouter sa parole forte et libre, il est représenté dans un geste solennel, qui semble presque avertir les spectateurs.
Le regard du spectateur est captivé par la multitude de personnages qui se pressent autour de l'évangéliste, vêtus de manière très variée, qui différencient les classes sociales, les métiers et la richesse des personnes présentes. Le détail de certaines figures représentées avec un turban est fascinant et contribue à créer une vision exotique et presque profane de la scène sacrée.
La toile a été reconnue par le Dr Franco Moro comme une œuvre du Bolognese Lorenzo Pasinelli (Bologne, 1629 - 1700) et publiée par ce dernier dans son ouvrage « Emilia Pittrice. Dipinti e disegni bolognesi del XVII secolo » à l'occasion de l'exposition qui s'est tenue à Paris à la Galerie Tarantino en 2007 (pp. 34-38, ill. 25, voir les images dans les détails photographiques).
Dans son étude approfondie, le Dr Moro situe la réalisation de l'œuvre dans la phase juvénile de Pasinelli, la datant vers 1650, lorsque les liens de l'artiste bolognais avec son premier maître, Simone Cantarini (Pesaro, 1612 - Vérone, 1648), lui-même formé sous l'influence de Guido Reni, sont plus évidents, mais avec l'autonomie personnelle d'une écriture plus fluide et plus libre, tempérée par les sévérités austères du début du XVIIe siècle.
L'influence de Cantarini est clairement visible dans le style et les types de personnages qui assistent à la prédication, caractérisés par une écriture épaisse et l'utilisation d'un clair-obscur fortement accentué, bien présents dans le Jésus entrant à Jérusalem dans l'église bolognaise de San Gerolamo della Certosa
Il convient également de souligner que la figure du Baptiste s'inspire presque certainement du prototype de Guido Reni de la Collection L. Vitetti, Rome repris à la fois dans Saint Jean prêchant, probablement laissé inachevé par Cantarini (Bologne, Pinacothèque nationale) et dans Saint Jean prêchant, peint par Guercino en 1650 pour l'église du Rosaire de Cento et conservé dans la pinacothèque locale
Les images féminines enveloppées, représentées avec un turban dans un coup de pinceau fluide et des tons chauds, sont typiques du répertoire de Pasinelli, comme la Sibylle (n° 32, pp. 226-227) ou l'Évanouissement d'Esther ainsi que l'intimité affectueuse entre la mère et l'enfant, comme dans la Femme allaitant (n° 3, pp. 161-163), dans la Vierge à l'Enfant et une sainte (n° 6, pp. 166-167) et dans les dessins sur ce thème (pp. 176-177). Pasinelli revient sur le même sujet trente ans plus tard, en peignant une grande « Prédication du Baptiste » en 1686 pour le prince de Lippe, qui fait encore partie d'une collection privée (C Baroncini, 1993, pp. 281-284), dans un style plus libre et plus mûr, qui présente toutefois des rappels et des liens avec la toile en question, et dans une atmosphère plus XVIIIe siècle.
Ref: F81RODLIWC