Emannuel Mané-Katz (1894-1962)
Nu, 1924
Pastel sur papier
28 x 46,5 cm à vue (61 x 78 cm avec le cadre)
Signé et daté en bas à droite
Rare oeuvre que l'on peut dater des premières années parisiennes de Mané-Katz.
BIOGRAPHIE
Son enfance fut totalement imprégnée par la culture juive. Son père, qui s'occupait (chamach, en yiddish - chames) de la
synagoguede Krementchoug, l'éduqua selon les préceptes de la
religion juiveorthodoxe, souhaitant qu'il devienne
rabbin. Le jeune Emmanuel apprit à dessiner en cachette. Il quitta une première fois sonshtelelnatal pour étudier à l'école des
beaux-artsde
Vilnius, mais ignorant tout du monde
laïque, il retourna rapidement à la maison familiale. Encouragé par un artiste originaire d'
Odessa, il entra d'abord à l'école des Arts décoratifs de
Myrhorod, à seize ans, puis s'inscrivit en
1911à l'école des beaux-arts de
Kievet s'initia à la culture européenne.
Il arriva à Paris à dix-neuf ans en
1913et suivit les cours dans l'atelier de
Fernand Cormon. Désireux de s'engager dans la
légion étrangèrelors de la déclaration de la
guerre, il fut refusé en raison de sa petite taille. Il voyagea alors à travers l'
Europe, visitant les musées où il fit l'apprentissage des maîtres anciens et plus particulièrement de
Rembrandt. Il découvrit la peinture de ses contemporains, des
Fauves, dont celle d'
André Derainqui eut une influence déterminante. De retour à Paris en
1921, l'artiste, qui s'était forgé un style, devait trouver dans la thématique traditionnelle judéo-slave la source de son inspiration. Il fait sa première exposition particulière en
1922à la galerie
Percier. Il s'affirma peu à peu comme l'un des peintres de l'âme juive aux côtés de ses aînés de l'
École de Paris,
Amedeo Modiglianiet
Chaïm Soutineet expose dans de nombreux Salons et galeries parisiennes, ainsi qu'aux expositions duGroupe de l'Amitiéavec notamment
Jeanne Besnard-Fortin,
Serge Charchouneet
Kostia Terechkovitch. Son atelier de la rue Notre-Dame des Champs, hérité d'
Othon Friesz, sera transmis plus tard à son principal élève, le caricaturiste
Henri Morez. Il est
naturaliséfrançais en
1928.
L'art de Mané-Katz cherche à maintenir la culture vivante de la
Torah. Son parcours au sein de l'
École de Pariset dans le groupe de Montparnasse fut plus orthodoxe que celui de
Chagallpar exemple. Mané-Katz s'affirma comme le grand peintre de la diaspora. Témoin de la dispersion du peuple d'
Israël, du folklore judéo-slave, de la littérature
yiddish, Mané-Katz dans son exil, atteste de sa fidélité à sa tradition originelle.
Il est le peintre des rabbins, des ghettos, et des Justes, celui de la dispersion, véritable témoin et poète de son peuple. Il apporte avec lui en Occident ce monde des
talmudistes, des musiciens ambulants suivant les cortèges, de mariés, de prophètes, d'artisans. Même s'il ne veut pas être seulement un peintre juif et qu'il a consacré des œuvres aux fleurs, aux paysages de Paris, de Vendée et de Bretagne, il demeure un interprète des communautés juives d'Europe centrale et orientale. Malgré de nombreux séjours en Israël, il n'arrive pas à s'intégrer à ce nouveau monde et ne peindra jamais la réalité nouvelle d'Israël combative et fière. Dans ses toiles peintes en Israël on retrouve toujours son imagerie des paysages d'Ukraine et des vieux rabbins enfouis dans sa mémoire.
La ville de
Haïfaen Israël lui a consacré un musée sur la
Rue Yefe Nof.
Ref: SB5OLHPCSE